Ce soir, les Écossais du monde entier commémorent l’immortel héritage de Robert Burns, notre poète national. La brièveté du temps qui lui a été imparti ne l’a aucunement empêché d’apporter une contribution remarquable à la richesse de notre culture. Les hommages à sa mémoire à l’occasion de son anniversaire porteront sur de nombreuses dimensions de sa vie. Pour ma part, j’ai décidé de me pencher sur sa contribution à la longévité humaine.
Robert Burns est principalement connu comme un maître des mots, mais ce sont les chiffres que je vais laisser parler pour mettre en exergue le contraste entre sa vie et celle que nous vivons aujourd’hui. Il est né dans une collectivité agricole de l’Ayrshire, dans les basses terres d’Écosse, le 25 janvier 1759. Il n’a vécu que 37 ans. Selon les normes d’aujourd’hui, on aurait dit que sa vie a été extrêmement courte. Pourtant, il a dépassé l’espérance de vie à la naissance de l’époque d’environ cinq ans, et durant ces cinq dernières années de sa vie, il a écrit certaines de ses meilleures œuvres. (Pour les mordus de chiffres : le premier recensement effectué en Écosse en 1755, une remarquable source d’information sur la vie au XVIIIᵉ siècle, permet d’estimer que l’espérance de vie à la naissance s’élevait à 32 ans à l’époque. En revanche, selon les plus récentes statistiques datant de 2020-2022, l’espérance de vie des Écossais à la naissance est actuellement de 76,5 ans pour les hommes et de 80,7 ans pour les femmes.)
À quoi ressemblait la vie en Écosse au XVIIIᵉ siècle? Les taux de mortalité infantile étaient très élevés. Les installations sanitaires publiques étaient inexistantes. Les soins de santé étaient négligeables : il faudra attendre deux siècles avant qu’Alexander Fleming (également originaire de l’Ayrshire) ne découvre les antibiotiques. D’importantes inégalités sociales accablaient les pauvres, qui ne pouvaient guère s’offrir une alimentation saine. Prenez par exemple ce vers d’un poème de Robert Burns, typiquement récité comme bénédicité avant de manger du haggis (un plat préparé à partir des parties les moins chères d’un mouton) :
« Some hae meat and canna eat, and some wad eat that want it; But we hae meat, and we can eat, Sae let the Lord be thankit. » (Certains ont de la viande et ne peuvent en manger, d’autres n’en ont pas, mais en veulent, nous avons de la viande et pouvons la manger, et rendons grâce à Dieu pour cela.)
Une figure éminente parmi les Lumières écossaises, Burns fumait très probablement du tabac, importé des États-Unis, dans les cafés d’Édimbourg, en utilisant une pipe en argile. Il est bien documenté qu’il aimait aussi prendre un verre ou deux, sa boisson de choix étant « l’eau-de-vie », « la perle d’ambre », c’est-à-dire le whisky.
Les contributions de Robert Burns à la culture écossaise sont importantes et immortelles. En plus de poèmes, il a écrit plusieurs chansons, dont certaines sont devenues indispensables aux très dynamiques ceilidh, les rassemblements traditionnels écossais. Pour le 18e siècle, il était l’équivalent de Beyonce! Vous avez probablement entendu la chanson « Auld Lang's Syne », souvent jouée à l’occasion du Nouvel An, et elle vous a sûrement donné l’envie de danser.
Should auld acquaintance be forgot (Faut-il oublier les vieilles connaissances?)
And never brought to mind? (Et ne plus jamais se les remémorer?)
Should auld acquaintance be forgot (Faut-il oublier les vieilles connaissances?)
And auld lang syne? (Et le bon vieux temps?)
Je ne saurais me comparer à Fred Astaire, mais j’adore les danses des ceilidh, et je suis convaincu que je ne suis pas le seul à trouver le courage de me lancer au rythme de la musique celtique. Or, on dit que la danse est propice au bien-être physique et mental. Je tiens donc à remercier Rabbie de m’avoir aidé à affronter ma gaucherie sur la piste de danse!
Peu importe vos autres plans pour le 25 janvier, je vous implore de prendre un moment pour honorer Robert Burns et porter un toast à sa vie qui, tout compte fait, s’est avérée remarquablement longue. En ses propres mots :
« Here’s to us, who’s like us Damn few, and they’re all dead. » (À nous, ceux qui sont comme nous, maudits si peu, et ils sont tous morts.)